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Nul ne peut douter que, quel que soit le niveau de chômage que connaîtra le pays dans les années qui viennent, plein emploi ou non, nos entreprises subiront des difficultés de recrutement. Les « tensions » sur certains métiers sont devenues une constante, et contrairement à ce que la théorie économie a souvent prédit, elles peuvent fort bien s’accommoder d’un niveau élevé de chômage.

C’est particulièrement vrai dans notre pays, qui, d’une part, n’a pas totalement résorbé le déficit de qualification de main d’œuvre qui distinguaient certaines générations de salariés de leurs homologues de nombre de pays comparables. D’autre part, la philosophie générale de nos politiques de l’emploi, de longue date, a eu pu encourager une forme de déresponsabilisation des employeurs. D’abord par ce que notre service public de l’emploi a longtemps eu tendance à sur-promettre quant à sa capacité à apporter à chaque recruteur le bon candidat en face de chaque offre d’emploi, sans toujours réinterroger le réalisme de celle-ci, notamment les niveaux de rémunération offerts et les niveaux d’expérience professionnelle attendus. Mais également parce que notre régime d’assurance chômage, relativement protecteur, a pu contribuer à retarder la durée de satisfaction des offres d’emploi, les employeurs en tirant argument pour privilégier des recrutements ponctuels sous forme de contrats courts, notamment sur des métiers en tension, au risque de ne pas se constituer un vivier de salariés compétents durablement présents dans l’entreprise. Les demandeurs d’emploi de leur côté privilégient parfois une stratégie de recherche de l’offre d’emploi correspondant exactement au poste anciennement occupé y compris lorsqu’il est préférable de se réorienter ou d’investir du temps dans une formation vers un métier plus porteur.

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